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Réflexions libérales réagissant à l'actualité sur l'Océan Indien et France

vendredi 24 septembre 2010

Voyageurs ou touristes ?

Une dimension politicienne des phénomènes économiques et sociaux que celui-là. Le touriste est devenu un nouveau type de consommateur de masse, en perpétuel création depuis vingt ou trente ans. De provenance des pays industrialisés, il représenterait soir disant l’avenir : à défaut de produits manufacturés, on il achètera le produit du terroir et viendra dans des peudos hôtels de charme, s'insurge et clame Michel Houellebecq dans son dernier opuscule littéraire , "La Carte et le Territoire". Force de constater que depuis l’explosion des vols low-cost, et la baisse perpétuelle du coût des voyages, le touriste occidental poursuit inexorable une quête effrénée de l'exploration du monde à bas prix.
Au risque de polluer tout ce qui est beau voir de dévaloriser le produit et la destination …


Il n’y a rien de plus laid qu’un touriste "Rucksack old shoes of fingers",en short inélégant, tee-shirt ample, lunettes de soleil, bob ou casquette. Poussettes le cas échéant. Au pire, poncho les jours de pluie. Le touriste se répand, en meute, tel un virus, selon un modèle préformaté et uniforme, et ce qu’il soit français, japonais, chinois, américain, Italien, hollandais ou allemand.

Non content de ressembler à tous ses congénères, le touriste aime agir de manière automatique. Tel un mouton de panurge, il se comporte comme tous les autres touristes. De toute manière, il lira les mêmes guides. Imperturbablement, il visitera ainsi les mêmes coins de rue, admirera les même statues, flânera dans le même quartier pittoresque, admirera le même point de vue, et se reposera dans le même café authentique conseillé par le Guide du routard. Il ne sait plus s’il visite ce qu’il faudrait visiter, ou ce qui pourrait être beau.

Le touriste est disgracieux arrogant et parle fort, en particulier lorsqu’il est italien ou français normal se sont des Latins. Il se croit en terrain conquis, surtout s’il est à l’étranger. Et j’allais dire, surtout s’il est français. Lui, il est le client, et le client est roi. Il se promène dans les églises au mépris des horaires de culte, il jette ses papiers gras au sol, il se croit seul au monde. S’il est britannique ou américain, il pense que la planète entière parle anglais, et qu’il est en droit d’aborder l’autochtone dans la langue de Shakespeare.

Le touriste aime les photographies. Il passe le 3/4 du temps de son séjour l'œil rivé derrière son appareil photo ou de sa caméra . Pour ne rien louper, pour se constituer des souvenirs, pour rapporter des témoignages de sa présence sur des sites prestigieux.
Le touriste aimera donc demander à des passants proches de l'immortaliser devant la Tour Eiffel, le Taj Mahal ou les ruines du World Trade Center.
Certains iront encore plus loin, et appuient à tout bout de champ sur leur déclencheur. Une fenêtre, un volet, un chat qui passe. On en voit même photographier des cartes postales. Les pauvres malheureux.

L’autre version, c’est le touriste qui aime filmer. Encore pire. Ce dernier marche constamment avec son engin branché, qu’il tient à bout de bras comme un grand reporter de guerre. Comme ça, il pourra revivre son voyage à son retour. Son voyage dont il n’aura pas profité, tout concentré qu’il était à filmer. Son voyage dont il reviendra avec une crampe au bras, c'est son Kiné qui va être heureux de le voir revenir .

Lorsque le touriste pénètre dans un site touristique, il se jette sur la boutique de souvenirs. Le magnet « tour de Pise ou du mont Saint Michel » feront sensation sur le frigo. Les Pyramides dans une boule à neige, collector! Et je ne te parle pas du tablier vareuse « Westminster ». Quant au tee-shirt « I love NY », il est carrément objet culte!

Le touriste aimerait découvrir la culture, les traditions de l’endroit qu’il visite, souhaiterait parfois larguer le flux des touristes mais il est coincé : s’il sort des sentiers battus, il sera perdu, et dévoré par les loups. S’il y reste, il sera englouti dans l'enfer infernal du marketing et le piège à con de touristes. Alors, il acceptera son triste sort. Et reste un touriste.



Mais ce qui est le plus hilarant, dans la forme comportementale du touriste, c’est sa propension à vouloir se moquer des autres touristes. Et à se croire au-dessus du lot de ses coreligionnaires de touristes. Ceux-là, ce sont les pires. D’ailleurs, quand ils rentrent de vacances, après avoir côtoyé des touristes, il arrive qu’ils fassent étalage de leur aventures . Histoire de se prouver à eux-mêmes qu’au moins, eux, ils ne sont pas des touristes. Pardi il suffit de prendre "La Carte et le Territoire" pour prendre lecture hors des sentiers battus.

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